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Je n'accepte plus ma médaille d’or de la famille française.

Je n'accepte plus ma médaille d’or de la famille française.

Le 23 avril dernier, l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi visant à permettre l’union de personnes de même sexe et l’adoption d’enfants de la part de ces mêmes personnes, en appliquant à cette union le terme de mariage.

Cette réforme modifie fondamentalement la conception de ce qu’est le mariage et la famille, selon l’acception des termes usités jusqu’à ce jour et depuis des siècles. Il ne s’agit pas d’une réforme sociale, mais d’un changement de nature imposé à toutes les familles.

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Il y a une vingtaine d’années, au mois de mai 1993, m’a été remise la médaille d’or de la famille française. Avec mon mari, nous avions à ce moment-là dix enfants, le onzième est né quelques années plus tard. Ni mon mari ni moi n’avions fait de demande pour obtenir cette médaille mais, après avoir écouté les sages avis de notre entourage, nous avions compris qu’on ne refuse pas une décoration si rien de fondamental ne nous oppose à l’institution qui nous la remet.

Le jour de la fête des mères, en ce 30 mai 1993, après la messe, nous nous sommes donc rendus à la mairie de Guidel où le maire m’a remis la médaille au nom du préfet du Morbihan.

« La médaille de la famille est une distinction honorifique décernée aux personnes qui élèvent ou qui ont élevé dignement de nombreux enfants, afin de rendre hommage à leurs mérites, et de leur témoigner la reconnaissance de la nation », dit le code de l’action sociale et des familles (article D215-7).

Dans la reconnaissance que la nation octroie à ces familles, il y a la considération d’un service. C’est le simple service, naturel mais exigeant, d’une mère et d’un père de famille qui laissent venir à la vie les enfants qui sont nés de leur amour. Dans la logique de l’amour, ils les éduquent, non pas seulement pour eux et pour leur droit, mais pour construire la civilisation de demain.

« Peuvent obtenir cette distinction les mères ou les pères de famille dont tous les enfants sont français qui, par leurs soins attentifs et leur dévouement, ont fait un constant effort pour élever leurs enfants dans les meilleures conditions matérielles et morales. » (art. D215-7 id.) C’est ce que, avec mon mari aujourd’hui défunt, nous avons prétendu réaliser, en toute simplicité, mais au prix d’efforts parfois considérables. Aujourd’hui, nos enfants étudient pour les plus jeunes, ou travaillent pour les plus grands, contribuant à l’essor de notre pays.

Vous trouvez là, monsieur le Président, une contradiction profonde entre la conception de la famille prônée par la République jusqu’à aujourd’hui, et ce que vous mettez en place dans votre politique. Par votre réforme, la famille n’est plus au service de la nation, elle n’est plus la nation de demain ; elle est l’expression de droits individuels et est sujette aux formes que chacun veut lui donner.

Bien évidemment, nous n’avons jamais ignoré les modes de vie particuliers de certains. Si nous les avons trouvés étranges, nous n’avons pas discuté ou combattu leur liberté. Mais quelle idée absurde de vouloir les regrouper sous le nom de famille : la filiation n’est pas un jeu de poker où gagnerait le meilleur tricheur ! Je vois sur le site officiel que la loi votée par votre Parlement reproduit à l’identique les dispositions de la précédente pour l’attribution de la médaille de la famille : les décorerez-vous lorsqu’ils auront acheté en nombre suffisant les enfants dont ils auront eu envie sur ces nouveaux marchés aux esclaves tels qu’il en existe déjà dans certains pays étrangers ?

Voilà pourquoi, monsieur le Président, je prends la décision de vous renvoyer la médaille reçue sous la présidence de monsieur Mitterrand. Cette distinction perd tout son sens dès lors que la famille ne correspond plus à ce qui est prôné par les valeurs qui en justifient l’attribution.

Je sais qu’un certain nombre de mères de famille qui partagent mon opinion vous renverront aussi leurs propres médailles. C’est notre manière d’exprimer combien il serait incohérent de conserver une décoration qui n’est plus qu’un leurre dès lors qu’elle est vidée de sa valeur symbolique.

Veuillez agréer, monsieur le président de la République, l’expression de la considération que je dois à votre fonction.

Françoise de Roeck, le 3 mai 2013