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Un petit Mammouth de 50 000 ans.

Un petit Mammouth de 50 000 ans.

 

 

Dans la nuit du 29 août dernier, une bien étrange opération s'est tenue à huis clos dans des bâtiments désaffectés de l'hôpital Emile-Roux du Puy-en-Velay, pour ne pas troubler les patients… Ce sont les chairs presque intactes d'un bébé mammouth que le scalpel du chirurgien a entrepris d'inciser sous les yeux de l'équipe de chirurgie augmentée de spécialistes venus de tous les horizons : paléontologues, généticiens, microbiologistes…. Celle du petit Khroma, 74 cm de haut, 80 kg, un émouvant bébé âgé de moins de 2 mois, ce qui en fait le plus jeune connu… mais également vieux de plus de 50.000 ans : il est si ancien que même le carbone 14 n'a pu le dater exactement, obligeant à recourir à d'autres analyses (par l'étude des isotopes de l'uranium).

A sa découverte, le petit était pris dans le permafrost (ou pergélisol) de la lointaine Yakoutie, au fin fond de la Sibérie. Seule une partie de sa tête émergeait, abîmée, du sol glacé. Quand Khroma a été ouvert, les scientifiques ont été bluffés par la qualité de préservation des tissus, qui sont restés fibreux, élastiques : les muscles étaient encore accrochés, avec leurs tendons. Décongelée avec précaution, la chair de Khroma était encore rouge - à peine s'oxydait-elle plus vite que la normale; les veines encore gonflées, et certaines molaires de lait en formation étaient entourées de petits vaisseaux sanguins et de nerfs dont on pouvait suivre le trajet.

Une irradiation pour tuer les bactéries

Un animal en si bon état qu'il était peut être toujours porteur de maladies… du terrible charbon, par exemple. Khroma passera trois jours auprès des experts d'Arc-Nucléart, une unité du CEA spécialisée dans la conservation d'objets patrimoniaux ; à titre de soin, il recevra une irradiation gamma de 20.000 grays, capable de tuer plus de 99,99 % des bactéries présentes.

Cette irradiation avait un double objectif : d'une part, protéger les humains, chercheurs et autres visiteurs, d'éventuelles maladies et d'autre part améliorer sa conservation en retardant la putréfaction qu'engendrent à température ambiante les bactéries. Ainsi stérilisé, Khroma allait mieux supporter la décongélation nécessaire au scanner et à l'autopsie qui allaient suivre.

Cependant si l'irradiation n'affecte ni l'aspect ni la nature des poils, de la peau et des tissus de Khroma, elle induit des lésions de l'ADN. Mais les spécialistes le savaient et ils avaient prévu une parade : pour la première fois des échantillons furent prélevés avant et après irradiation.

Les analyses effectuées sur les prélèvements pré-irradiation n'ont rien donné ! Il n'y avait ni germe de charbon, ni aucun autre germe… Et avec l'irradiation, les scientifiques ne peuvent plus espérer trouver de souche vivante. Mais les prélèvements faits lors de l'autopsie permettront de nouvelles recherches, telles des analyses d'ADN bactérien, histologiques… En effet, des dizaines de prélèvements de peau, de poils, des différents tissus et organes, et même du lait maternel retrouvé dans ses boyaux - sans parler des milliers d'images en 3D réalisées lors d'un scanner intégral - sont à la disposition des chercheurs. Ces échantillons sont distribués à une douzaine de laboratoires, instituts et universités pour avoir des spécialistes dans toutes les disciplines possibles : paléontologie et paléogénétique, datation, histologie (étude des cellules) et anatomie, paléobotanique, microbiologie, etc.

 

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