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Nous entrons dans la saison des tempêtes

Nous entrons dans la saison des tempêtes

« Un climat douloureux, un sentiment d’accablement qui empêche de se projeter dans un avenir meilleur. C’est sur ce terreau que prospèrent les ferments d’une éventuelle explosion sociale… Un climat de pessimisme et de défiance [qui] alimente le discours des extrêmes sur l’impuissance des pouvoirs publics… Une polémique [sur l’affaire Leonarda] complètement déconnectée des préoccupations des citoyens, ce qui n’a pas manqué d’aviver leur exaspération… Un mélange de mécontentement latent et de résignation [qui] s’exprime de façon éruptive à travers une succession d’accès de colère soudaine, presque spontanée… »

Ces quelques échantillons résument le ton et le contenu de la dernière synthèse générale réalisée, comme chaque mois, par le secrétariat général du ministère de l’Intérieur, avant transmission aux plus hautes autorités de l’État, à partir des rapports établis par les préfets des cent un départements français. Le Figaro, qui en a eu connaissance, en faisait également profiter ses lecteurs hier matin. Observateurs particulièrement bien informés et des plus pondérés, ceux qui, depuis plus de deux siècles, sont les yeux et les oreilles du gouvernement sur le terrain, tirent la sonnette d’alarme. La colère monte à gros bouillons dans la marmite sociale et, faute des exutoires que seraient le retour de la croissance, l’inversion de la courbe du chômage, un changement d’équipe, un changement de politique, une consultation du peuple par le biais d’élections ou de référendum, le départ du Président, le risque d’une explosion ne relève plus de l’imaginaire.

Certes, le gouvernement et le président sont protégés par des institutions qui ne sont pas sérieusement contestées et qui garantissent la stabilité des majorités et des hommes en place, seraient-ils où ils sont par erreur ou par défaut. Ils sont protégés par le légitimisme des Français dont seule une infime minorité croit au Grand Soir ou au Grand renversement. Ils sont protégés par l’indéfectible loyauté des forces de l’ordre que ne travaillent aucune démangeaison prétorienne ni aucun prurit conspirationniste. Ils sont protégés par l’affaiblissement et les divisions de la droite parlementaire, par l’absence d’alternative crédible et de projet commun. L’addition des mécontentements, si forts soient-ils, n’a pas à l’heure actuelle de traduction politique : il n’y a ni leader, ni programme, ni cartel, ni fédération, ni front du refus et du changement. Dix mille révoltes ne font pas une révolution.

Pourtant, les semaines et les mois – ne parlons pas des années, l’avenir n’est à personne et surtout pas à M. Hollande – s’annoncent lourds de menaces. Sous l’effet du réchauffement climatique diagnostiqué par les préfets, nous entrons dans une zone de turbulences. La colère descend dans la rue.

FRANCE-sciencextra.fr

Que se passera-t-il le 23 novembre, jour où tous les syndicats, sans exception, de la CGT à la CGC en passant par FO, la CFDT, la CFTC, Solidaires et l’UNSA, appellent les Bretons à manifester ? Que se passera-t-il le 1er décembre, jour où le Front de gauche organise une marche sur Bercy ? Que se passera-t-il le 26 janvier, déclaré « jour de colère nationale » par les entrepreneurs et les artisans ? Et que se passera-t-il si d’ici là quelque nouvelle maladresse gouvernementale, genre affaire Leonarda, nouvelle taxation, nouvelle dégradation de l’économie, nouvelle vague de licenciements et de faillites, jette telle ou telle catégorie sociale sur le pavé.

Nous entrons dans la « saison des tempêtes », à en croire Jean-Luc Mélenchon. En tout cas, la météo préfectorale lance un avis de gros temps. Un temps à ne pas mettre un pédalo dehors.

BVOLTAIRE