L'orgasme masculin nous apparaît assez facile à expliquer, puisqu'il est lié à l'éjaculation. L'autre sexe ne connaît pas forcément l'orgasme, mais une majorité
oui. Or, la grande question que se posent depuis longtemps les spécialistes de l'Évolution est l'utilité de cet orgasme. Une femme pourrait tout à fait s'en passer pour avoir des
enfants.
C'est à tel point que
certains spécialistes ont jeté l'éponge et se sont dit que les femmes ont des orgasmes parce que les hommes en ont (dans le même sens que les hommes ont des tétons, car les femmes en ont besoin
pour allaiter le bébé, mais ils ne servent à rien pour l'autre sexe). D'autres ont pensé que l'orgasme, qui provoque des contractions du vagin et de l'utérus, permet d' « aspirer » le sperme plus
près du lieu de destination.
Une étude vient de se pencher sur cette dernière hypothèse à nouveau. Des psychologues australiens de l'université du Queensland ainsi que des collègues en Finlande
(Université Abo Akedemi) ont passé en revue 8 447 femmes, dont des jumelles (et fausses jumelles). On demandait la fréquence des rapports ainsi que le nombre d'orgasmes subséquents, de la
difficulté à atteindre l'orgasme et du nombre d'enfants. On a passé les résultats à la moulinette d'outils statistiques ensuite.
On a comparé la fréquence chez les jumelles identiques comparées à des soeurs classiques. On a calculé combien la génétique et l'environnement ont contribué aux
différents traits. On a alors trouvé que le nombre d'enfants et la fréquence des orgasmes dépendent déjà des gènes. L'environnement de ces femmes avait aussi un impact sur le nombre d'enfants,
mais pas du tout sur la fréquence des orgasmes.
Il y a une faible corrélation entre la fréquence de ces orgasmes avec le nombre d'enfants déjà eu. Maintenant, en regardant plus en avant, la corrélation était plus
faible chez les vraies jumelles par rapport aux soeurs classiques. S'il y avait une relation de nature génétique entre l'orgasme et le nombre d'enfants, on s'attendrait de voir une corrélation
plus forte chez les jumelles. On n'a pas trouvé non plus de facteurs environnementaux. On a testé le taux d'orgasmes et la longueur.
Est-ce que des facteurs environnementaux ont alors dirigé le nombre d'orgasmes et le nombre d'enfants, se demandent maintenant les chercheurs ? On n'a pas pu
trouver ces facteurs environnementaux pour l'instant de toute manière. L'orgasme féminin garde encore une fois pas mal de mystères.
L'étude possède des limitations par ailleurs. La contraception moderne a changé les choses : les familles ont moins d'enfants. Peut-être qu'on aurait trouvé dans le
passé de meilleures corrélations. Les mêmes chercheurs avaient publié il y a deux ans une recherche qui allait à l'encontre de l'hypothèse comme quoi l'orgasme féminin est un sous-produit de
l'orgasme masculin.
Une autre hypothèse est que l'orgasme féminin est là pour renforcer le lien avec le partenaire masculin (qui, satisfait, reste là pour s'occuper de la
famille).
Références: No direct relationship between human
female orgasm rate and number of offspring. Brendan P. Zietscha, Pekka Santtilac